Ambiance « honeymoon » sur l’île de Gili Meno
Les transports en Indonésie sont lents et complexes. Pour ajouter à ce fait, les agences font attendre leurs clients plusieurs heures entre deux escales. Ici, « on n’est pas pressé », « tout est lent ». Nous voici avisés ! En fait, un pays qui fonctionne au ralenti, c’est exactement ce qu’il nous faut en cette phase de fatigue...
Nous décidons donc de nous rendre sur une autre des 17000 îles qui composent l’Indonésie, parmi lesquelles 8000 sont habitées. Au large de Lombok se trouvent les trois îles « Gili ». Gili Travangan, la principale, accueille les fêtards à la recherche d’évasion (les champignons « magiques » et autres spécialités locales étant vendues à chaque coin d’île), Gili Air, la plus proche du continent, est une alternative entre le calme et l’animation. Enfin, Gili Meno, celle pour laquelle nous opterons, est la plus petite, la plus sauvage et la plus désertée par les touristes. Après un long trajet d’une journée, partagée entre un soleil de plomb sur un « slow boat » (davantage un bac qu’un bateau) qui porte très bien son nom, un froid de canard dans la clim d’un minibus et quelques heures d’attente épuisantes sur une plage/embarcadère, nous arrivons enfin, à la tombée de la nuit.
Quel merveilleux endroit! L’île est un tel paradis que nous y restons une semaine entière, faisant de Meno la plus longue de nos escales depuis le mois de novembre. Nous avons même hésité à lui consacrer la totalité de notre séjour dans le pays afin d’y jouer les Robinsons Crusoé pendant deux semaines. De plus, notre but après les îles était un trek de trois à cinq jours, l’ascension du fameux volcan Rinjani, sur l’île de Lombok, réputé pour être une véritable merveille de la nature. Mais malheureusement pour nous, en cette saison de pluie le temps instable et les glissements de terrain engendrés empêchent cette randonnée. Il n’en fallait pas beaucoup plus pour nous pousser à rester plus longtemps.
Les plages de sable blanc sont superbes et désertes : chaque jour nous parviendrons à en trouver une juste pour nous. Il n’y a que 300 autochtones qui peuplent Gili Meno, et nous étions, parmi une centaine de personnes sur la navette quotidienne desservant les trois îles, les seuls touristes à choisir la plus petite.
Elle est si réduite qu’en une journée nous faisons le tour de l’île, alternant les vues somptueuses sur la Mer de Bali, empruntant l’unique sentier traversant la campagne verdoyante et les marécages autour du lac salé, sis au beau milieu d’une forêt luxuriante.
Nos habitudes s’installent très vite et aisément : petit déjeuner servi par la guesthouse dans laquelle nous louons un bungalow lumineux et authentique, avec une salle de bain en plein air et équipée d’eau non salée (un luxe ici) puis direction la plage, sur laquelle nous passons le reste de nos journées à observer les indescriptibles fonds marins, armés de nos palmes et nos masques, cernés par des milliers de poissons aux couleurs si vives qu’elles paraissent artificielles… D’énormes tortues, passée la barrière de corail que nous longeons chaque jour, à la limite des profondeurs, se nourrissent juste sous nos yeux, pour le plus grand plaisir de ces derniers. D’ailleurs, l’île abrite un « sanctuaire » aux tortues : un jeune homme récolte les œufs de ces dernières et les protège, pour les installer à éclosion dans des bassins où elles grandiront pendant deux mois pour être relâchées une fois capables d’affronter le monde sauvage.
L’eau est limpide, mais le courant est fort. Alors, malgré l’aide des palmes, il nous faut faire des pauses. C’est alors qu’interviennent les incontournables bains de soleil, siestes et délicieuses heures de lecture, ponctuées par un ananas savoureux ou une mangue juteuse que d’adorables jeunes filles nous apportent et découpent pour nous.
Le soir, c’est l’occasion de nous asseoir sur une « beruga », petite hutte de bambou ouverte aux quatre vents et recouverte de larges coussins invitant à la flânerie, afin de nous régaler de la pêche du jour au barbecue en nous émerveillant devant les lumières reflétées par la mer, surplombée elle-même par un océan d’étoiles. Ce paysage nocturne n’est perturbé que par le spectacle tout aussi époustouflant des éclairs qui viennent frapper le crépuscule et par le grondement du tonnerre qui couvre le bruit des vagues. Les orages retentissent chaque nuit, venant rafraîchir l’atmosphère et adoucir l’air pour laisser place au soleil radieux au petit matin.
D’autres soirs, nous apprécierons (avec modération bien sûr) l’alcool de riz local, bien moins fort que celui que nous connaissions jusqu’ici, et joliment empourpré par l’utilisation de riz rouge, que nous partageons autour d’un feu de camp avec les « beach boys » de Meno qui entraînent chaque passant à chanter avec eux sur un air de guitare célèbre : « Welcome to Hotel Gili Meno… ».
Mais l’aventure nous appelle et il nous faut mettre de nouvelles voiles. Nous rentrons à Ubud, d’où nous partirons explorer l’est, l’ouest et le centre de Bali pour les quelques jours qu’il nous reste, décidant de réserver les îles de Java et de Sumatra pour un autre voyage.